Serge Winogradsky
découvrit que Beggiatoa pouvait se développer
sans substrat organique ; il suffisait de substrats
minéraux pour assurer la croissance du filament
: Serge Winogradsky créa la notion de micro-organisme
« inorgoxydant » - nous disons aujourd’hui
« autotrophe », mais de terme «
inorgoxydant » quoique difficile à
prononcer, est beaucoup plus évocateur que
le terme actuel « autotrophe » qui est
particulièrement impropre.
Cette
découverte parut une hérésie
parce que la bactériologie, de son temps,
toujours sous la coupe des pères fondateurs
Pasteur et Koch, ne connaissait que les organismes
assimilant le carbone organique, les bactéries
appelées actuellement « hétérotrophes
».
Cladothrix
également appelée « Leptothrix
» est connue de nos jours sous le nom de «
Sphaerotilus », c’est une des bactéries
filamenteuses qui colonisent les biomasses épuratrices.
Elle prolifère également dans les
sources ferrugineuses, où elle forme des
concrétions d’oxyde ferrique lorsque
l’eau entre en contact avec l’oxygène
de l’air. Il a l’intuition, qu’il
cherche à vérifier, toujours par la
même méthode d’observation directe,
que ces bactéries filamenteuses possèdent
la même propriété que Beggiatoa
: à savoir l’autotrophie. La démonstration
s’avère difficile : Serge éprouve
le besoin de perfectionner ses connaissances en
chimie minérale pour mieux étudier
les transformations, opérées par les
conferves.
Janvier
1888 Anton de Bary meurt – Serge Winogradsky
cette même année publie à Leipzig
une monographie sur la morphologie des sulfobactéries
qui fait date. Il y décrit et baptise les
genres « Thiothrix », « Thiocystis
», « Thiosarcina », « Chromatium
», « Thiospirillum », tous micro-organismes
d’une très grande importance entre
autres dans les écosystèmes épurateurs
des lagunes naturelles. C’est un travail gigantesque
accompli dans des temps exceptionnellement courts.
Zürich
en ce temps là, déjà réputée
pour la supériorité de son enseignement,
recevait souvent des scientifiques russes, c’est
probablement pour cette raison qu’il choisit
cette ville. Il partira pour Zürich 1888 étudier
la chimie des sels minéraux dans le service
d’agronomie de Ernst Schulze et en particulier
les méthodes chimiques du dosage de l’azote.
Stagiaire au laboratoire d’hygiène
de Zürich en 1889, il se penche sur la question
de la nitrification, et c’est là qu’il
trouvera la réponse en 1890. Que savait-on
en 1889 sur la nitrification ?
On savait beaucoup de choses empiriques et depuis
longtemps mais les causes de la nitrification n’étaient
pas connues. On savait fabriquer depuis le XVI°
siècle du salpêtre à partir
de l’urine et du fumier. Le rendement de la
nitrification était même excellent.
C’était l’art des nitrières
artificielles qui étaient en somme des serres
où le fumier enrichi en pierre calcaire et
en urine, mûrissait sous l’influence
de retournements fréquents. Le salpêtre
(Na3Ca) se formait alors assez rapidement ; c’était
en quelque sorte un réacteur à bactéries
nitrifiantes.
|