C’est lui qui créa la notion de «
symbiose ». Plus tard il découvrira
qu’une même espèce mycélienne
peut parasiter plusieurs végétaux
et que la morphologie et physiologie du parasite
change avec l’hôte qu’il infeste
: il appela cette propriété »
l’Hétérécie ».
On doit à Anton de Bary la découverte,
la description et le baptême de l’espèce
Bacillus megatherium, bactérie normale des
sols.
Tel
était le prestige intellectuel de l’Institut
dirigé par Anton de Bary au moment où
Serge Winogradsky y entrait. Le thème principal
des recherches était alors la question de
la stabilité de la morphologie des micro-organismes
sous l’influence du milieu.
Anton de Bary avec Robert Koch, van Tieghem, le
vénérable Ferdinand Cohn, penchaient
pour le monomorphisme (invariabilité), le
camp opposé avec Naegeli militait en faveur
du pléomorphisme (variabilité des
espèces).
Leptothrix
Crenothrix et Beggiatoa, trois organismes filamenteux
relativement faciles à observer in vivo au
microscope entre lame et lamelle sont l’objet
des études de Serge Winogradsky.
Les
deux premières espèces très
souvent hôtes habituels des fontaines et sources
jaillissantes, aux eaux jaunies par les ions ferriques.
Beggiatoa pousse dans les boues des stations thermales
à eaux sulfurées, où elle donne
lieu à des proliférations exubérantes,
d’où le nom de « conferve »,
qui leur est donné (du latin : confervus
= foisonnement). Ces boues, appelées indifféremment
« Glairine », « Barégine
» ou « Péloïde » sont
onctueuses au toucher, de couleur crème à
blanc ; elles sont en fait un mélange d’eau,
d’argile et de « conferves »,
depuis toujours reconnues dotées de propriétés
cicatrisantes. On appelait, pour cette raison les
sources qui possédaient de telles boues,
les eaux d’arquebuse car on y venait soigner
les blessures de guerre mortelles du fait de l’infection
surajoutée. En France par exemple Saint Amand
des Eaux, qui possède de telles boues, abrita
un des premiers hôpitaux militaires fondé
par Louis XIV.
Ces
bactéries filamenteuses ont la propriété
remarquable de vivre sur l’argile en présence
de H2S d’eau et d’air. Elles ne se développent
qu’en présence d’air, donc à
l’émergence des eaux. Ces organismes
ont des formes variées plus ou moins longues,
plus ou moins mobiles. Elles contiennent toutes
des granules de soufre, visibles au microscope,
granules qui leur confèrent leur couleur
crème à blanchâtre et leur onctuosité
si caractéristique.
La méthode d’étude que Winogradsky
adopta pour Beggiatoa fut la culture entre lame
et lamelle baignant dans une solution minérale
à composition contrôlée, le
tout directement observable sous microscope.
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